Ainsi, j’ai fait la connaissance de mon arrière-grand-père : Giusepe Schiavonne.
C’est un homme d’une trentaine d’année. Le portrait en pied de trois-quarts fait penser à celui réservé aux personnages prestigieux de l’aristocratie comme a pu nous montrer Sander avec les aristocrates. Il se présente comme un personnage important. Pourtant, l’homme est habillé en salopette de toile, ses outils sur les épaules. Je suis frappé en premier lieu par le paradoxe entre la posture du personnage et sa condition. Par son attitude, il se présente comme l’homme valeureux, emblème d’une population déracinée, parti conquérir le monde. Il recherche un bien être matériel symbolisé par la pipe qu’il tient dans sa bouche et par sa montre à gousset tenue dans une des poches supérieures de sa salopette. Cette-dernière porte les salissures occasionnées par un labeur difficile. Ses chaussures restent poussiéreuses et fatiguées. Son torse couvert d’un maillot blanc ceux que les hommes portent sous leur chemise à cette époque-là, il rompt là aussi avec une tradition : l’habitude vestimentaire. Tout son apparat montre le travail de la terre, la chaleur, la poussière, la fatigue, les mauvaises conditions de vie où se trouve cet homme. La composition de la photo toute entière montre qu’il vit seul, en rupture, loin de sa famille avec comme seul but celui de trouver la fortune grâce à son travail. Il ne se montre pas endimanché, au repos. C’est la photo du quotidien de cet aventurier.